Le compte à terme a la réputation d’être un placement sans risque. On y dépose une somme, on la bloque pendant une durée définie, et on touche des intérêts garantis. Simple, rassurant, prévisible.
Mais derrière cette image de sécurité totale, une question mérite d’être posée : peut-on vraiment perdre de l’argent avec un compte à terme ?
En théorie, le capital est garanti. En pratique, certaines situations peuvent réduire, voire grignoter, la rentabilité réelle du placement. Regardons cela de plus près.
Le compte à terme, un placement sécurisé par nature
Le principe du compte à terme (ou “CAT”) est simple : vous placez une somme d’argent sur une période déterminée, généralement de quelques mois à quelques années. En échange, la banque vous verse un taux d’intérêt connu à l’avance.
Aucune mauvaise surprise : vous savez dès le départ combien vous allez toucher à l’échéance.
Le grand avantage du CAT, c’est la garantie du capital. Contrairement à une action ou à un fonds boursier, la somme déposée ne fluctue pas. À l’échéance, vous récupérez exactement ce que vous avez placé, plus les intérêts promis.
Et si la banque faisait faillite ? Pas d’inquiétude : en France, vos dépôts sont couverts par le Fonds de Garantie des Dépôts et de Résolution (FGDR), à hauteur de 100 000 € par personne et par établissement. Cela signifie que si votre banque disparaît, vos fonds sont remboursés (dans cette limite).
En résumé : votre capital est bien protégé.
Mais sécurité nominale ne veut pas dire absence totale de risque. Car il existe d’autres formes de “pertes” plus subtiles, souvent liées au contexte économique ou à des décisions mal anticipées.
Les situations où l’on peut “perdre” de l’argent
1. L’inflation : l’ennemi silencieux
C’est le principal risque, et il ne vient pas du produit lui-même, mais de l’environnement économique. Si l’inflation est supérieure au taux de votre compte à terme, votre rendement réel devient négatif. Autrement dit, votre argent conserve sa valeur nominale, mais perd du pouvoir d’achat.
Prenons un exemple concret :
Vous placez 50 000 € sur un CAT à 3 % pendant un an. Vous gagnez 1 500 € d’intérêts. Mais si l’inflation est de 4 % sur la même période, votre pouvoir d’achat a baissé d’environ 500 €. Résultat : vous n’avez rien perdu sur le papier, mais votre argent “vaut” un peu moins qu’avant.
2. Les retraits anticipés : attention aux pénalités
Le compte à terme est un placement bloqué. C’est son principe de base : en échange d’un taux garanti, vous acceptez de ne pas toucher à votre argent avant la date prévue. Si vous cassez le contrat avant l’échéance, la banque applique souvent des pénalités : les intérêts peuvent être réduits, voire annulés.
Exemple : vous signez pour 12 mois, mais retirez au bout de 6. Selon les conditions, vous toucherez peut-être un taux réduit, ou rien du tout.
Moralité : avant d’ouvrir un compte à terme, assurez-vous de ne pas avoir besoin de ces fonds dans l’immédiat.
3. La fiscalité : bien calculer le rendement net
Les intérêts générés par un compte à terme sont soumis au Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux). Un taux de 3 % brut devient donc environ 2,1 % net après impôts. C’est toujours mieux que certains livrets réglementés, mais pas toujours suffisant pour battre l’inflation. Et si vous cumulez inflation + fiscalité, la rentabilité réelle peut rapidement devenir quasi nulle, voire légèrement négative.
Comment éviter toute perte sur un compte à terme ?
Le compte à terme reste un excellent outil de sécurisation, à condition de bien l’utiliser. Voici quelques conseils simples pour préserver son rendement et éviter toute mauvaise surprise.
1. Comparez les taux et les durées
Toutes les banques ne rémunèrent pas les CAT au même niveau. Certains établissements — notamment les banques en ligne — proposent parfois des CAT à des taux bien supérieurs à ceux des grandes enseignes. Prenez donc le temps de comparer avant de signer, et évitez de bloquer trop longtemps votre épargne si les taux du marché sont susceptibles de monter.
2. Anticipez vos besoins de liquidité
Le meilleur moyen d’éviter les pénalités, c’est de placer uniquement l’argent dont vous êtes sûr de ne pas avoir besoin pendant la durée du contrat. Si vous hésitez, privilégiez plusieurs comptes à terme de durées différentes (par exemple 6 mois, 12 mois, 24 mois). Cela vous donnera plus de flexibilité tout en maintenant un bon rendement global.
3. Tenez compte de la fiscalité et de l’inflation
Ne vous laissez pas aveugler par un taux affiché séduisant. Ce qui compte, c’est le rendement net réel :
Taux brut – impôts – inflation = rendement réel.
Exemple : un CAT à 3,5 % brut devient environ 2,45 % net après impôts. Si l’inflation est à 2 %, votre rendement réel est de +0,45 % — ce qui reste positif, mais modeste.
4. Diversifiez vos comptes entre plusieurs banques
Un conseil souvent oublié : le plafond de garantie du FGDR (100 000 €) s’applique par déposant et par banque. Si vous détenez 300 000 € sur un seul compte à terme dans une seule banque, seul un tiers serait couvert en cas de défaillance.
La bonne stratégie consiste à répartir vos placements sur plusieurs établissements : par exemple 100 000 € chez BNP Paribas, 100 000 € chez Boursorama, 100 000 € chez Crédit Agricole. Ainsi, l’ensemble de vos fonds bénéficie de la garantie et reste protégé.
En résumé
On ne perd pas d’argent avec un compte à terme au sens strict : le capital est garanti, les intérêts sont connus, et la protection du FGDR apporte une sécurité supplémentaire. Mais on peut perdre du rendement réel — à cause de l’inflation, de la fiscalité, ou d’un retrait anticipé.
Le compte à terme reste un outil de placement sûr, stable et utile, notamment pour la trésorerie à court ou moyen terme. Utilisé intelligemment — en diversifiant ses banques, en anticipant ses besoins, et en comparant les offres — il demeure une pierre solide dans une stratégie patrimoniale équilibrée.



